Suite du feuilleton sur la vie quotidienne des habitants d’Hirta. Après s’être intéressé à l’assiette dans le premier volet, place ici à la vie spirituelle de la communauté. Il est notamment question du druidisme.
2- Esprit, es-tu là ?
L’isolement extrême de l’archipel et le contact permanent de ses habitants avec la violence des éléments naturels permettent d’expliquer l’attachement profond des insulaires à ce que l’on pourrait qualifier de paganisme, de chamanisme ou de druidisme.
Dès l’arrivée d’êtres humains sur Hirta, ceux-ci développent des croyances qui se rapprochent du chamanisme. Elles traduisent en fait l’importance pour cette communautée isolée d’entretenir un lien étroit avec la nature : avec les animaux chassés (oiseaux notamment), les plantes médicinales (pour le soin des âmes malades à ramener sur terre) et les éléments naturels (océan, tempêtes, vents…) qui, selon les instants, apparaissent plus ou moins bienveillants, souvent hostiles. Ce paganisme apparaît comme une tentative pour comprendre et expliquer des événements qui dépassent l’entendement : la maladie, la mort, la vie, les catastrophes naturelles…
On ne connaît pas en détail l’organisation de la vie spirituelle sur Saint Kilda pendant les siècles d’isolation. Ce qui est certain c’est qu’il n’existe alors aucune « religion instituée ». Les croyances sont collectives mais ne rythment pas la vie quotidienne. Il n’y a pas ni offices ni cérémonies fréquentes et celles-ci se tiennent vraisemblablement lors d’événements au caractère exceptionnel. Lorsque le Calvinisme tente de pénétrer les habitudes des insulaires, elle se heurte d’abord à l’incompréhension. Au XVIIIe siècle la tentative d’Alexander Buchan d’instaurer une religion institutionnalisée est un échec. Au XIXe siècle, « l’apôtre du Nord » John MacDonald se dit « horrifié » par le manque de connaissances religieuses des habitants d’Hirta. Il constate également que ceux-ci croient fortement à des esprits qu’ils perçoivent dans les éléments naturels, dans les animaux… Au XIXe siècle, la communauté possède donc encore un véritable enracinement des croyances chamaniques, druidiques. Au cours du XVIIIe siècle, le révérend Kenneth Macauley mentionne d’ailleurs l’existence dans l’archipel de cinq autels druidiques « comprenant un large cercle de pierres perpendiculaires au sol à côté de la Stallir House sur Boreray ». Preuve que la vie spirituelle des habitants d’Hirta ne s’est finalement guère modifiée depuis les premières années de l’occupation des lieux. La transformation radicale qui précipite la fin de la communauté intervient au cours du XIXe siècle. La religion Calviniste s’impose parfois brutalement, ainsi que nous l’avons déjà évoqué ici.
Saint Kilda n’échappe pas à la création d’une mythologie par ses habitants. L’épisode de l’amazone guerrière est l’un des plus marquants. A Gleann Mor, sur les hauteurs d’Hirta, on trouve la Taigh na Banaghaisgeich (la « maison de l’amazone »). Il s’agit d’une construction circulaire, uniquement faite de pierres dont le toit ressemble à une pyramide avec un conduit d’aération en son centre. De chaque côté de l’entrée se trouvent deux longues pierres allongées sur lesquelles -selon la légende- elle aurait posé son casque et son épée. Il s’agirait du lieu de repos d’une mystérieuse amazone qui aurait chassé sur des terres aujourd’hui englouties entre Saint Kilda et les Hébrides extérieures. Aucune preuve archéologique n’est venue confirmer cette histoire, mais on peut se plaire à cette fois-ci laisser le bénéfice au doute !
A suivre…
Clément B.
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C’est très intéressant mais au XIXe siècle, ce ne pouvait être la religion catholique qui s’était imposée à St Kilda mais le calvinisme, religion des Ecossais depuis un certain temps déjà.
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Exact, depuis 1560 exactement. Imprécision de ma part, merci pour la remarque !
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