Dixième épisode de notre road trip estival en Écosse (du 26 juillet au 11 août 2017), toujours rédigé à partir de mon carnet de bord. C’est avec de bonnes chaussures de marche et un gros sac à dos que nous sommes partis à la découverte d’un pays à la beauté fascinante. Aujourd’hui, nous y sommes enfin, le but ultime, l’apothéose, le voyage au bout du monde : St Kilda.
(Pour visualiser les photos en qualité optimale, il suffit de cliquer dessus).
10- St Kilda (1/3) : sur la mer qui fait le gros dos (4 août 2017)
7h00. Le réveil sonne enfin. Ça doit bien faire une heure que je suis réveillée. Va-t-on partir ce matin ? J’ai envie d’aller vérifier, mais j’ai peur d’une grande déception. D’autant qu’il pleut sans arrêt depuis que je suis sorti de mon sommeil… Je l’entends sur le toit de la caravane. Et ce n’est pas de la petite pluie. C’est sûr, le voyage va être annulé.

Presque 100 km, 4h de navigation sur l’océan déchaîné pour espérer atteindre St Kilda : joli programme…
7h10. Je me décide à sortir dans la fraicheur pour aller me connecter comme je l’ai fait la veille, près de la porte blanche. Devant moi, un lapin détale, surpris par mon arrivée imprévue. Avec une excitation mêlée de crainte, je réussi au bout de plusieurs tentatives à me connecter au réseau. Le voyage est maintenu. Nous partons pour St Kilda. Dans moins de deux heures. Soulagement dans la caravane : nous atteindrons bien le bout du monde, le but ultime de notre voyage. Ce lieu mythique qui a tout déclenché.
Il est 8h30 sur le Pier d’Uig. L’équipage est là, avec quelques passagers déjà. L’accueil est chaleureux, les présentations sont faites et les consignes de sécurité sont données. Andy, l’un des membres de l’équipage nous rassure : tout va bien se passer, il suffit simplement d’avoir le sourire et de leur demander si quelque chose ne va pas. Ian nous demande si nous avons des pantalons imperméables car sur le bateau, on peut vite se retrouver trempés ! Nous lui montrons nos capes, mais ça ne convient pas. Va-t-on rester à quai ? Non, heureusement. Il ouvre un grand sac, fouille quelques instants dedans et en sort deux pantalons imperméables que nous enfilons immédiatement. Nous enfilons ensuite nos gilets de sauvetage et nous descendons dans la petite embarcation qui nous conduira à St Kilda. Nous sommes 11 passagers au total (parmi eux, un couple d’anglais qui aura le privilège de camper une nuit sur l’île !) et 3 membres d’équipages (Andy et Ian dont nous avons déjà parlé et Niki, guide et photographe).
Nous conversons avec Ian pendant qu’Andy et Niki aident les autres (notamment un couple très âgé…) à enfiler leurs gilets de sauvetage. Ian parle un peu français et le comprend plutôt bien car « la femme de son frère est française », ce qui est pratique pour comprendre les détails car Andy parle vite et nous sommes les seuls français. Ian nous informe que le temps est assez couvert sur les Hébrides mais qu’il devrait être dégagé autour de St Kilda. Même si il convient de rester prudent car il est très difficile d’avoir des prévisions fiables sur une si petite île… Nous croisons les doigts !
Les moteurs se mettent en marche et l’embarcation s’éloigne du Pier sous une petite pluie fine. La côte est prise dans les brumes, le plafond nuageux est bas. Il est 9h environ, c’est parti pour l’aventure, la grande cette fois-ci ! Une journée qui restera gravée dans ma mémoire à tout jamais. Le vent du large fouette nos visages. L’eau ruisselle autour de nous. Un à un, les passagers rentrent s’abriter à l’intérieur de l’Integrity. Avec Camille, nous sommes les deux derniers à rester sur le pont arrière du bateau, bien accrochés au bastingage. Le bateau prend de la vitesse, l’océan est relativement calme pour le moment. Une grosse vague secoue le bateau et projette de l’eau qui mouille nos cirés. La traversée s’annonce sportive !
Au bout d’un moment, nous décidons de rentrer dans la cabine. Ian est aux commandes. Il m’invite à venir m’asseoir à côté de lui. J’ai l’impression de piloter moi-même l’embarcation ! Nous discutons un peu alors que l’océan commence à s’agiter vraiment. Il m’explique le fonctionnement du bateau ainsi que la signification de tout ce qu’on peut lire sur l’écran GPS qui indique la route au bateau. Nous parlons aussi oiseaux en observant les macareux aux battements d’ailes si caractéristiques qui s’envolent à l’approche de l’Integrity.
A partir de la traversée des Hébrides, les choses se corsent. Il y a une perturbation importante. Les côtes sont dans la crasse, l’océan est très agité et le skipper doit redoubler d’efforts et de concentration pour guider le bateau entre les balises de navigation qu’il voit parfois au dernier moment… L’Integrity est balloté dans tous les sens par des vagues de plusieurs mètres de hauteur. On se croirait vraiment sur des montagnes russes tellement nous sommes secoués. Quelle sensation ! La force brute de l’océan qui menace de nous broyer comme un grain de blé sous une meule ! Et pourtant, tout va bien pour moi, je me sens tellement vivant ! Je dois avoir le pied marin, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, certains passagers étant pris du mal de mer… Ces deux courtes vidéos tournées par Camille pendant la traversée vous donneront un aperçu de la rudesse du voyage :
Une déchirure dans le ciel. Parmi la noirceur, des lambeaux de ciel bleu apparaissent au dessus de l’horizon, toujours calme même dans la tempête… Et soudain, Ian tend le bras vers le lointain, tout là-bas au fond et me dit :
« Regarde ! St Kilda ! ».
Frénétiquement je scrute, je fouille la ligne d’horizon. Et je la vois, perdue entre deux infinis. Je distingue sa silhouette sombre. D’abord Boreray sur la droite. Mes yeux suivent le trait horizontal sur la gauche rencontrent Hirta, l’île principale. Putain ! C’est complètement dingue ! Cette silhouette vue tant de fois en photo se matérialise enfin devant mes yeux après trois heures de navigation intense. Depuis le temps que je parle de cette île, que j’écris dessus, je la vois enfin de mes propres yeux. Un peu plus d’une heure encore et nous poserons le pied sur Hirta. L’instant est presque irréel.
A suivre…
Clément B.
Ces îles existent vraiment alors ? 😀
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Tu en doutais ? :p
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😉
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Je suis surprise que vous n’ayez pas prévu des pantalons k-Way; l’Ecosse est… humide 😀
En tout cas heureuse de voir cette ile avec du ciel bleu!!! Vite la suite 🙂
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Les capes normalement ça suffit pour la marche ! 😉
Ce fut la plus belle journée du séjour ! 🙂
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Ahhh l’Ecosse sans pluie ne serait pas l’Ecosse! 😀
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😉 la pluie… et le soleil, plusieurs fois par jour !
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L’île. Ce continent rêvé.
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Et l’île abandonnée ?
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Un billet de loterie gagnant. Quelle est La part de chance d
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De la trouver.
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J’aime cette idée. J’y serais bien resté tout compte fait.
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Prendre le risque de ne jamais en revenir.
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On ne revient jamais vraiment d’un tel endroit je pense…
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j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.
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Merci Mélina, ça fait plaisir ! 🙂
Le vôtre aussi est très sympa. Au plaisir de vous lire !
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Pingback: Road trip en Écosse #11 : St Kilda (2/3) |
Pingback: Road trip en Ecosse #12 : St Kilda (3/3) |
Quelle aventure ! Et quelle force d’écriture. Merci pour ce partage. On croirait vivre cette tension et cette intensité de tous les instants 🙂
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Merci pour le compliment… 🙂
Heureux de partager cette expérience avec les lecteurs !
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Quelle chance ! Je ne suis pas allée plus loin que Skye. Deux des personnages de mon roman rêvent, comme toi, d’aller à Kilda. Je suis ravie de lire que tu as pu réaliser ce rêve !
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C’est un endroit fabuleux… Au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer…
Quel est ce roman ? Ça donne envie de le lire ! 😉
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Oh c’est un roman non encore publié ! 😉
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Oh de quoi ça parle ? 🙂
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