Autour de Kilda

Ar-Men, l’autre bout du monde (3/3)

Bonjour à toutes et tous,

Troisième et dernier volet de notre série estivale consacrée à l’exploration de la mer d’Iroise. Après le récit de l’observation de la vie maritime dans le premier article, la rencontre avec le mythique phare d’Ar-Men dans le second, place aujourd’hui à la dernière partie de cette mémorable journée sur le bateau d’Archipel excursions. Au menu : une escale hors du temps sur l’île de Sein, le phare maudit de Tévennec puis celui de la Vieille au large de la pointe du Raz.

(Pour voir les photos en qualité optimale, il suffit de cliquer dessus)

3. Hors du temps.

Treize heure. Le bateau accoste au port de l’île de Sein. Didier nous donne rendez-vous à seize heures trente pour le retour : nous avons donc trois heures et demi pour explorer l’île. C’est court. J’y serais bien resté plus longtemps pour m’imprégner davantage de la quiétude des lieux.

Arrivée sur l’île de Sein ©Camille Peney

Sein, c’est une langue de terre à peine sortie de la mer qui résiste encore et toujours à l’assaut des tempêtes. Sein, c’est un bout de terre qui émerge d’Iroise et dont le point culminant ne se trouve qu’à six mètres au-dessus des flots. Sur le quai, on se met en quête de nourriture. Pour ne pas perdre de temps, on a choisi de ne pas se poser sur la terrasse de l’un des quelques restaurants que l’on trouve sur le port. Il y a une petite supérette sur l’île qui suffit pour les piques-niques. Les ruelles du bourg sont étroites, silencieuses. Il règne un calme incroyable ici. Surtout ce jour-là où il n’y a pas de vent et où le soleil brille. Et puis il n’y a pas de voitures sur l’île. On s’y habitue vite, c’est tellement appréciable. J’ai un peu l’impression de marcher hors du temps en observant les façades des petites maisons groupées pour faire face aux assauts des vents et des tempêtes qui balaient régulièrement cette miette de terre. Des digues ont d’ailleurs été construites pour éviter que l’île ne soit submergée. Depuis le port, on voit la pointe du Raz, le continent. Il paraît tellement loin. C’est le bout du monde ici.

Au fond le continent paraît lointain. Il y a comme un parfum de bout du monde sur Sein ©Camille Peney

L’île de Sein est toute plate. Hormis un petit parc près de l’église, au milieu du bourg, il n’y a pas d’arbres sur l’île. Le climat est rude là-bas, même s’il y fait chaud ce jour-là. On s’abrite à l’ombre d’Ar-Men, hôtel-restaurant situé au bout du village avant de continuer en direction du phare que nous avons prévu de visiter. Le chemin est magnifique, ponctué de haltes pour observer l’étroite bande de terre qui s’épaissit à peine à marée basse. Au bout de la route, le grand phare se dresse en noir et blanc à quarante-neuf mètres au-dessus du niveau de l’eau.

Au pied du grand phare, on est vraiment petit. Il faut gravir deux-cent-cinquante marches pour monter tout en haut où une vue incroyable nous attend.

Au pied des marches du grand phare de l’île de Sein ©Camille Peney

Rien que pour cette vue, ça vaut le coup de venir à Sein. D’un côté, on voit l’île entière. Au fond, le continent, le phare de la Vieille, Tévennec. De l’autre, la chaussée de Sein, toujours aussi belle. On ne se lasse pas. Quel spot ! Je pourrais y passer la journée.

Le temps file, il faut penser à redescendre. On doit regagner le port avant seize heures trente. On regagne le bourg par l’autre côté de l’île.

Après avoir remis les gilets de sauvetage, le bateau quitte l’île. Direction le phare de Tévennec. Le maudit. Au large de la baie des Trépassés, face à la pointe du Van, Tévennec balise le dangereux Raz de Sein. Par souci d’économie, on a construit une maison-phare sur le rocher de Tévennec au lieu d’une tour. Le feu s’allume en 1875. Rapidement, les gardiens rechignèrent à y séjourner. Le maudit, la porte des enfers. Les surnoms sont sinistres. Il faut dire qu’on y entendrait des voix et que plusieurs gardiens y seraient morts d’étranges façons… Pour rompre la solitude des gardiens, on autorisera même leur famille à s’y installer. Mais rien n’y fera. En 1910, Tévennec est le premier feu à être automatisé avec l’installation d’un feu à gaz permanent.

La masse du rocher est sombre, les escaliers taillés dans la roche semblent ne pas avoir été foulés depuis bien longtemps. La peinture s’écaille sur les murs de la maison-feu. L’humidité pénètre partout là-haut. A contre-jour, l’endroit est baigné d’une aura quasi mystique. Ce doit être une expérience incroyable de séjourner sur Tévennec comme a pu le faire Marc Pointud pendant 69 jours au début de l’année 2016. Ce serait un cadre idéal pour une résidence d’écriture !

Didier remet les moteurs en route après nous avoir raconté l’histoire de ce phare mythique. Direction le phare de la Vieille, dernière escale avant le retour. Au large de la pointe du Raz, la Vieille à l’apparence d’une grosse tour carrée de vingt-sept mètres de haut, posée sur le rocher de Gorlebella. La construction dura huit ans, de 1879 à 1887 et fut compliquée du fait de l’accès périlleux à la roche. En 1995, le phare est automatisé. Il n’y a donc plus de relèves périlleuses à effectuer.

Ca y est, nous rentrons. Nous recroisons même les dauphins, au large de Penmarc’h. A titre personnel, je suis comblé. Voir ces phares mythiques de si près est une chance incroyable. Un cadeau.

Je tenais encore à remercier Didier d’Archipel Excursions pour l’ensemble de la journée. Et puis je voulais terminer en remerciant la mer d’Iroise pour avoir été si calme ce jour-là. Sans elle, nous n’aurions jamais vu ces merveilles.

Clément B.

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