Bonjour à tou.te.s,

Jours étranges. Le pays est confiné mais beaucoup encore sont sur le pont pour permettre la continuité de la vie. Dans tout ça, la poésie offre une bouffé d’air.

Lundi 23 mars, sortait le 6e numéro de la revue Poétisthme de Loan Diaz, consacré à l’air. Déjà présent dans des numéros précédents (notamment le 5e paru en décembre), j’ai le plaisir d’être à nouveau retenu dans ce 6e opus qui, l’air de rien, tient toutes ses promesses : « l’Air est si vague qu’il en soulève les océans », « c’est un juste milieu qui ne connaît pas de hiérarchie ».

Un bon bol d’air donc, à feuilleter ici.

Je vous reproduis ici mon texte si vous avez la flemme de parcourir le numéro (ce serait dommage !). Bonne lecture !

67.

au cœur de la plaine, l’Arbre n’a jamais connu la pluie.

et puis, alors que disparaissent entre ses branches les silhouettes humaines fondues dans l’écorce, l’air se charge d’électricité et de nuages plus noirs que la terre. les premières gouttes hésitent, effleurent les feuilles, s’arrêtent avant le contact avec la peau. un coup de tonnerre. l’orage libère sa fureur. sous l’abri du feuillage, le bruit est assourdissant.

il a plu pendant quarante jours. l’Arbre a tout vu. il a vu pleurer les pierres sur le sol desséché. il a entendu le cliquetis des larmes de la terre au milieu du désert.

aujourd’hui que les nuages se sont vidés, il reste dans le paysage l’empreinte du passage de la pluie.

on dirait que l’Arbre flotte au milieu d’un lac aux eaux croupies, mortes.

et pourtant il y a une fleur, à peine posée sur l’eau. il y a cette fleur qui ne trouble ni les rayons du soleil, ni la surface lisse, noire.

lien fragile vers la vie.

La couverture du 6e numéro de Poétisthme consacré à l’Air

Clément B.