Kilda : vie et histoire

Hirta : l’île au Nord du monde (5/5)

Cinquième et dernier article de cette série consacrée à la vie quotidienne des habitants de St Kilda. Après avoir évoqué l’incroyable histoire des hommes pêcheurs d’oiseaux, la vie spirituellela vie politique et les moyens de communication, place ici au logement. Vous avez rêvé d’une superbe maison au calme avec une vue imprenable sur l’océan ? Alors cet article est fait pour vous.

5- Avec vue sur la mer

Continuellement habité entre l’âge du bronze et 1930, l’archipel garde des traces plus ou moins visibles de cette occupation humaine. Les plus anciennes sont les plus énigmatiques. Il s’agit de vastes enclos de pierre, vraisemblablement destinés aux moutons. A Gleann Mor, de l’autre côté d’Hirta, se trouvent les ruines d’une vingtaine de structures uniques en Europe que les archéologues n’ont pas réussi à identifier. C’est aussi là que l’on trouve la fameuse maison de l’Amazone.

Village Bay - Vue sur la mer depuis la porte d'une black house, photo : gajtalbot

Village Bay – Vue sur la mer depuis la porte d’une black house, photo : gajtalbot

Autre construction humaine très présente sur Hirta, les cleiteans, qui étaient utilisés pour abriter les bêtes, stocker les outils et les aliments. Il s’agit de petites structures de pierre en forme de dôme recouvertes de gazon, un peu à l’image des maisons des hobbits dans l’univers de JRR Tolkien. On en compte environ 1200 sur Hirta, utilisés jusqu’à l’évacuation de l’île. On en trouve également sur Boreray et même sur le très escarpé Stac Lee. Il s’agit là bas d’un refuge à flanc de falaise pour les chasseurs d’oiseaux. A l’époque médiéval, le village se trouve à environ 350 mètres du rivage, au pied du Conachair. Il se compose d’une trentaine de black houses, les maisons traditionnelles des Hébrides entourées d’un mur d’enceinte qui empêche les animaux de se rendre sur les terres cultivées.

Village Bay - Vue sur les black house de 1830 (celles qui ont un toit en zinc datent des années 1860). Autour les cleiteans, au fond le mur d'enceinte.

Village Bay – Vue sur les black house de 1830 (celles qui ont un toit en zinc datent des années 1860). Autour les cleiteans, au fond le mur d’enceinte.

Au début des années 1830, Thomas Dyke Acland, député au Parlement britannique en visite dans l’île est particulièrement choqué par les conditions de vie des gens d’Hirta. Il donne alors de l’argent pour permettre de construire 30 nouvelles black houses. Village Bay est construit 200 mètres plus bas, également entouré d’un mur de clôture. En 1860, une forte tempête endommage plusieurs de ces constructions, ce qui amène à les renforcer. Les toits en mottes de gazon sont remplacés par de nouveaux toits en zinc. Certaines black houses, trop abîmées, sont transformées en étables. Au cœur d’une petite baie magnifique, le confort est toutefois très rustique pour les habitants de St Kilda. Les maisons ont des murs très épais, montés sans aucun mortier et sont très sombres. Outre la porte basse, il n’y a généralement qu’une seule fenêtre, étroite, en plus d’une petite ouverture  dans le toit qui permet à la fumée de s’échapper au dehors. En effet, les habitants se chauffent avec la tourbe puisqu’il n’y a pas de bois sur l’île. Le foyer, disposé au centre des habitations encrasse les murs noircis de suie. Il n’y a qu’une seule pièce à vivre qui sert à la fois de cuisine, de chambre, de salle à manger… En hiver, le bétail occupe même une partie de la maison.

Village Bay - Au plus près : les ruines du village médiéval. Au milieu, les ruines du village construit vers 1830. Au fond à gauche, la base scientifique et militaire bâtie en 1957.

Village Bay – Au premier plan : les ruines du village médiéval. Au milieu, les ruines du village construit vers 1830. Au fond à gauche, la base scientifique et militaire bâtie en 1957.

Ce quotidien rude est le lot des habitants de St Kilda jusqu’à leur évacuation en 1930. La vue sur l’océan ne suffit plus. En 1957, une base scientifique et militaire est installée sur l’île, point de départ d’une nouvelle ère.

Clément B.

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Voici les sources utilisées pour écrire cette série consacrée à la vie quotidienne des habitants de St Kilda. Beaucoup d’entre elles sont en anglais.

Bibliographie :

Coates (Richard), The place-names of Saint Kilda, Lampeter, 1990.

Fleming (Andrew), Saint Kilda and the Wider World : Tales of an iconic Island, 2005.

Fordun (Jean de), Scotichronicon, 1380.

Johnson (Samuel), A journey to the Western Island of Scotland, 1775.

Macauley (Kenneth), History of Saint Kilda, Londres, 1764.

Maclean (Charles), Island on the Edge of the World : the Story of Saint Kilda, Edimburgh, 1972.

Sands (John), Life in Saint Kilda, 1877.

Seton (Georges), Saint Kilda : Past and Present, Edimburgh, 1878.

Steel (Tom), The Life and Death of Saint Kilda, Londres, 1988.

Sitographie :

http://www.courrierinternational.com/article/1999/01/14/saint-kilda-une-miette-d-ecosse-trempee-dans-le-petrole (Un article intéressant).

http://www.heraldscotland.com/news/home-news/tributes-as-one-of-last-native-inhabitants-of-st-kilda-dies.22317224 (Article évoquant Norman Gillies et les derniers natifs de Saint Kilda).

http://www.kilda.org.uk/ (National Trust for Scotland).

https://postalheritage.wordpress.com/2013/01/16/the-mail-boats-of-st-kilda/ (sur le bateau postal de St Kilda).

http://ssa.nls.uk/film/0793 (Scottish Screen Archive).

http://www.theguardian.com/lifeandstyle/2012/mar/24/last-man-st-kilda-evacuation.

http://whc.unesco.org/fr/list/387/ (UNESCO).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Kilda (L’incontournable encyclopédie en ligne).

4 réflexions sur “Hirta : l’île au Nord du monde (5/5)

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